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L’agression de Maria Schneider, le déshonneur de Bertolucci

Pour obtenir «une réaction spontanée», Bernardo Bertolucci avait caché à sa jeune actrice Maria Schneider l’usage du beurre dans une scène-clé du «Dernier tango à Paris».
Rien ne peut justifier l’horreur d’une agression sexuelle. Ni l’époque aux mœurs plus légères, dit-on, comme si cela pouvait effacer le traumatisme. Ni l’Art, bien sûr, grand mot lancé en l’air par Bernardo Bertolucci, mort ce lundi à l’âge de 77 ans. Sur le tournage du sulfureux «Dernier tango à Paris», récit d’une passion entre un quadragénaire américain et une jeune femme française, le réalisateur du «Dernier Empereur» a fait simuler le viol de Maria Schneider par Marlon Brando, sans prévenir l’actrice de l’emploi de beurre – une scène qui fait depuis fantasmer les érotomanes. Il a confessé cet acte lors d’une discussion à la Cinémathèque de Paris, en 2013, remontée à la surface par «Elle.com».
«La séquence du beurre est une idée que j’ai eue avec Marlon le matin même», a-t-il expliqué, ajoutant qu’il voulait la réaction d’une femme et non d’une actrice (sic). Et le cinéaste italien de tenter de se justifier :«Pour obtenir quelque chose, je pense qu’il faut être complètement libre. Je ne voulais pas que Maria joue son humiliation et sa rage, je voulais qu’elle ressente… la rage et l’humiliation. Depuis, elle me hait.»
Bien sûr, l’histoire du cinéma regorge d’anecdotes sur la pression psychologique subie par les acteurs, de «moments de vérité» saisis par des procédés de manipulation parfois honteux, mais il est très rare qu’un réalisateur se «vante» d’une telle pratique.
Décédée en 2011, Maria Schneider – qui jouera ensuite dans «Profession Reporter» de Michelangelo Antonioni – a toujours clamé avoir eu l’impression d’avoir été «violée à la fois par Bertolucci et Brando». «Marlon m’a dit : "Maria, ne t’en fais pas, c’est juste un film. Mais durant la scène, même si ce que Marlon a fait n’est pas réel (il simule le viol, Ndlr), je pleurais de vraies larmes". Marlon Brando n’a même pas eu l’élégance de s’excuser après la scène», se rappelle-t-elle, dans une interview accordée au «Daily Mail».

"Pendant la scène, elle a hurlé, pleuré, pour de vrai", racontait Paris Match

Bernardo Bertolucci s’est expliqué dans un communiqué. «Je voudrais, pour la dernière fois, mettre au clair les ridicules malentendus», expliquait-t-il tout d'abord, avant d'expliquer que Maria Schneider (âgée de 19 ans sur le tournage, Ndlr) était prévenue de la scène de la sodomie simulée, écrite dans le scénario, mais pas de l'usage du beurre (sic). «J'ai spécifié, mais peut-être cela n'était pas clair, que j'avais décidé avec Marlon Brando de ne pas informer Maria que nous voulions utiliser du beurre (comme lubrifiant, Ndlr). Nous voulions sa réaction spontanée vis-à-vis de son utilisation inhabituelle», affirmait-t-il en décembre 2016.

A Match, nous avons replongé dans nos archives. En 1972, nous évoquions le tournage du film culte. Citons l'extrait précis : «Toujours dans le même appartement vide, trois personnages : Brando, Maria et un petit pot de beurre. Transposé, un remake érotique du Petit Chaperon rouge où on ne sait pas qui va manger l'autre. Maria, très soumise. Pendant la scène, elle a hurlé, pleuré, pour de vrai. Après, elle a couru vers la chambre qui lui servait de loge, s'est jetée sur le lit, en larmes. Brando l'a rejointe, a mis un peu de musique. Rideau. Quelques minutes plus tard quand Bertolucci a eu besoin d'eux —on était tout de même là pour tourner—, ils étaient toujours étendus sur le lit, la tête de Maria sur l'épaule de Brando. Elle était apaisée, hoquetait mollement, comme un enfant après les sanglots.»
Alors bien sûr le cinéma de Bernardo Bertolucci, auteur de grands films - «Le Conformiste», «1900», «Le Dernier empereur», - doit être vénéré à sa juste valeur. Mais il ne faut pas oublier la violence commise à l’encontre de Maria Schneider, cette méthode brutale d’obtenir la vérité à l’écran.

L’agression de Maria Schneider, le déshonneur de Bertolucci


 

L’agression de Maria Schneider, le déshonneur de Bertolucci

Pour obtenir «une réaction spontanée», Bernardo Bertolucci avait caché à sa jeune actrice Maria Schneider l’usage du beurre dans une scène-clé du «Dernier tango à Paris».
Rien ne peut justifier l’horreur d’une agression sexuelle. Ni l’époque aux mœurs plus légères, dit-on, comme si cela pouvait effacer le traumatisme. Ni l’Art, bien sûr, grand mot lancé en l’air par Bernardo Bertolucci, mort ce lundi à l’âge de 77 ans. Sur le tournage du sulfureux «Dernier tango à Paris», récit d’une passion entre un quadragénaire américain et une jeune femme française, le réalisateur du «Dernier Empereur» a fait simuler le viol de Maria Schneider par Marlon Brando, sans prévenir l’actrice de l’emploi de beurre – une scène qui fait depuis fantasmer les érotomanes. Il a confessé cet acte lors d’une discussion à la Cinémathèque de Paris, en 2013, remontée à la surface par «Elle.com».
«La séquence du beurre est une idée que j’ai eue avec Marlon le matin même», a-t-il expliqué, ajoutant qu’il voulait la réaction d’une femme et non d’une actrice (sic). Et le cinéaste italien de tenter de se justifier :«Pour obtenir quelque chose, je pense qu’il faut être complètement libre. Je ne voulais pas que Maria joue son humiliation et sa rage, je voulais qu’elle ressente… la rage et l’humiliation. Depuis, elle me hait.»
Bien sûr, l’histoire du cinéma regorge d’anecdotes sur la pression psychologique subie par les acteurs, de «moments de vérité» saisis par des procédés de manipulation parfois honteux, mais il est très rare qu’un réalisateur se «vante» d’une telle pratique.
Décédée en 2011, Maria Schneider – qui jouera ensuite dans «Profession Reporter» de Michelangelo Antonioni – a toujours clamé avoir eu l’impression d’avoir été «violée à la fois par Bertolucci et Brando». «Marlon m’a dit : "Maria, ne t’en fais pas, c’est juste un film. Mais durant la scène, même si ce que Marlon a fait n’est pas réel (il simule le viol, Ndlr), je pleurais de vraies larmes". Marlon Brando n’a même pas eu l’élégance de s’excuser après la scène», se rappelle-t-elle, dans une interview accordée au «Daily Mail».

"Pendant la scène, elle a hurlé, pleuré, pour de vrai", racontait Paris Match

Bernardo Bertolucci s’est expliqué dans un communiqué. «Je voudrais, pour la dernière fois, mettre au clair les ridicules malentendus», expliquait-t-il tout d'abord, avant d'expliquer que Maria Schneider (âgée de 19 ans sur le tournage, Ndlr) était prévenue de la scène de la sodomie simulée, écrite dans le scénario, mais pas de l'usage du beurre (sic). «J'ai spécifié, mais peut-être cela n'était pas clair, que j'avais décidé avec Marlon Brando de ne pas informer Maria que nous voulions utiliser du beurre (comme lubrifiant, Ndlr). Nous voulions sa réaction spontanée vis-à-vis de son utilisation inhabituelle», affirmait-t-il en décembre 2016.

A Match, nous avons replongé dans nos archives. En 1972, nous évoquions le tournage du film culte. Citons l'extrait précis : «Toujours dans le même appartement vide, trois personnages : Brando, Maria et un petit pot de beurre. Transposé, un remake érotique du Petit Chaperon rouge où on ne sait pas qui va manger l'autre. Maria, très soumise. Pendant la scène, elle a hurlé, pleuré, pour de vrai. Après, elle a couru vers la chambre qui lui servait de loge, s'est jetée sur le lit, en larmes. Brando l'a rejointe, a mis un peu de musique. Rideau. Quelques minutes plus tard quand Bertolucci a eu besoin d'eux —on était tout de même là pour tourner—, ils étaient toujours étendus sur le lit, la tête de Maria sur l'épaule de Brando. Elle était apaisée, hoquetait mollement, comme un enfant après les sanglots.»
Alors bien sûr le cinéma de Bernardo Bertolucci, auteur de grands films - «Le Conformiste», «1900», «Le Dernier empereur», - doit être vénéré à sa juste valeur. Mais il ne faut pas oublier la violence commise à l’encontre de Maria Schneider, cette méthode brutale d’obtenir la vérité à l’écran.

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